Gregorio, Roebke, Labycz Trio - Colectivos (Peira, 2011)

Le label Peira (spécialisé dans la publication de CD-r d'improvisation libre) indique sur son site que ce trio explore différentes formes d'improvisations, de l'improvisation collective libre, à une base écrite, à partir de notations, de graphismes ou de vidéos. Exploration à laquelle s'attachent trois musiciens: Guillermo Gregorio à la clarinette, Jason Roebke à la contrebasse et Brian Labycz à l'électronique. Suite de onze improvisations électroacoustiques assez courtes donc, où des lignes mélodiques se superposent à des bruits électroniques incongrus et discrets et des phrases dynamiques à la contrebasse. On trouve de multiples jeux de ruptures et de fractures, tant au niveau des énergies, des mélodies que de l'espace. Tout au long de ces pièces, malgré de nombreux airs de déjà-entendu (on pense souvent à Braxton), la virtuosité et une profonde écoute sont constamment de la partie. Il y a toujours une place et un espace réservés au discours de chacun, les individualités s'équilibrent - sans s'annihiler - tout comme l'espace. Mise à part la trop grande discrétion de Labycz, chaque improvisation équilibre savamment l'espace des discours mais également du silence. Un silence qui n'est pas souvent présent en temps que tel, mais que chacun sait utiliser de manière individuelle afin d'aérer la structure des improvisations et d’approfondir certaines formes de dialogue. 

Pas ou très peu de techniques étendues ici, les deux instrumentistes choisissent un jeu traditionnel où les phrases s'enchaînent avec virtuosité. Chacun a plutôt décider d'explorer les interactions possibles entre des dynamiques variant sans cesse (entre la mélodie mielleuse et des cris explosifs), se fracturant, disparaissant et réapparaissant momentanément. De son côté, Roebke parvient à approfondir et à donner du relief au dialogue acoustique avec des interventions souvent discrètes et minimales, mais aussi agressives et énergiques de temps à autre. Ceci-dit, il n'y a pas grand chose de nouveau, aucune différence sensible n'est perçue selon les manières d'appréhender l'improvisation, et la délicatesse de l'écoute de chacun tout autant que la virtuosité ne parviennent pas à combler le manque de créativité de ces onze pièces, à l'exception près de Labicz peut-être qui est néanmoins et malheureusement trop absent à mon goût.

Tracklist: 01-Colectivo 1 / 02-Video (Roebke) / 03-Two Rows by Juan Carlos Paz (Gregorio) / 04-Colectivo 2 / 05-Improvisations on a Sonatina by Esteban Eitler (Gregorio) / 06-Colectivo 3 / 07-Open (Roebke) / 08-Coplanar Nr. 4b (Gregorio) / 09-Colectivo 4 / 10-Event (Roebke) / 11-Colectivo 5